Afghanistan : les ONG énoncent des priorités pour le nouveau gouvernement

Publié: 15th octobre 2009

Pour les organisations humanitaires et de développement travaillant en Afghanistan, le nouveau gouvernement du pays doit, de toute urgence, consacrer davantage de ressources à la construction de 6 000 nouvelles écoles, la formation de plus de 5 000 sages-femmes et la formation professionnelle de la police, afin d’améliorer la vie des citoyens.
Dans une liste de recommandations pour le nouveau gouvernement afghan, un groupe d’ONG nationales et internationale, notamment Oxfam International, le Forum Afghan de la Société Civile et l’Organisation de Développement Sanayee, souligne également l’importance d’améliorer la gouvernance, protéger les civils et garantir les droits des femmes.

Ces recommandations devraient être mises en œuvre indépendamment du résultat des élections. Avec la focalisation de ces derniers jours sur le processus électoral, les besoins urgents des Afghans ont été mis de côté. Maintenant plus que jamais, le nouveau gouvernement devra faire du peuple afghan une priorité à part entière.

La directrice du Centre de Développement des Capacités des Femmes Afghanes (Afghan Women’s Skills Development Centre) Mary Akrami, a déclaré : « L’espérance de vie [des Afghanes] n’est toujours que de 43 ans, et dans plusieurs régions le taux de mortalité maternelle reste le plus élevé du monde. La moitié des écoles en Afghanistan n’ont pas de bâtiments. Le pays a besoin de personnel de santé, d’instituteurs et de meilleures infrastructures. Les Afghans ont un besoin crucial de voir des améliorations dans tous ces domaines ».

Grace Ommer, directrice d’Oxfam en Afghanistan, note que « Nos recommandations sont ambitieuses, étant donnée l’augmentation de la violence en Afghanistan, mais elles ne sont pas impossibles. Depuis huit ans ce pays a fait des progrès significatifs, en inscrivant plus de six millions d’enfants à l’école primaire et en améliorant de 40 pourcent l’accès aux soins de santé. »

« Un changement positif est possible en Afghanistan, mais il faut pour cela de la volonté politique à Kaboul et le soutien à long terme de la communauté internationale ».

Ces nouvelles recommandations soulignent les réformes nécessaires en termes de gouvernance. Le rapport propose que les nominations officielles se fassent sur la base du mérite et que les casiers judiciaires et passifs du point de vue des violations des droits de l’homme fassent l’objet d’un examen approfondi. L’accès à une justice équitable demeure limité et, malgré des progrès modestes au sein de la police nationale afghane, celle-ci doit encore être réformée afin de garantir notamment de meilleurs contrôles internes et l’amélioration du versement des salaires.

Mirwais Wardak, responsable des programmes pour ‘Coopération pour la Paix et l’Unité’ (CPAU) a déclaré « Une grande majorité d’Afghans souhaite que leur gouvernement fournisse des services de base, qu’il maintienne l’ordre et applique les lois. Mais trop de gaspillages, peu d’efficacité, ainsi que des obstacles à l’accès au système judiciaire, ont laissé la population frustrée et miné sa confiance envers le gouvernement ».

Les ONG ont appelé les donateurs internationaux à améliorer la transparence et fournir des renseignements complets pour aider le gouvernement afghan à effectuer le suivi de l’aide étrangère qui finance environ 80 pourcent de son budget.

Selon le Dr Hamid Saljuqi, directeur de l’organisation Coordination de l’Assistance Humanitaire (CHA), « Trop souvent, l’aide est versée de façon opaque ou est détournée par le conflit, au lieu d’être dépensée selon les besoins. Les donateurs doivent fournir une information complète sur l’assistance qu’ils fournissent et consacrer davantage de fonds aux projets de long terme alignés sur la Stratégie nationale afghane de développement ».

Alors que les Forces nationales afghanes de sécurité prennent davantage en charge les opérations militaires, la protection des civils doit être une priorité du nouveau gouvernement. Plus de contrôles et de contrepouvoirs sont nécessaires, pour empêcher des abus et enquêter sur les exactions qui sont commises. Un bureau indépendant de médecine légale devrait être établi pour traiter les plaintes des civils contre les forces armées pro-gouvernementales.

Les recommandations soulignent les progrès accomplis en faveur des femmes depuis la chute des Talibans, tout en observant que beaucoup de ces améliorations fragiles et limités risquent d’être remis en cause. Pour Oxfam, le gouvernement doit garantir les droits des femmes établis par la Constitution afghane, en faisant par exemple respecter intégralement la Loi sur l’élimination de la violence contre les femmes. Cette législation criminalise le viol et offre une plus grande protection aux femmes victimes de violences.

Depuis huit ans ce pays a fait des progrès significatifs, en inscrivant plus de six millions d’enfants à l’école primaire et en améliorant de 40 pourcent l’accès aux soins de santé.
Grace Ommer
Directrice d’Oxfam en Afghanistan

Notes aux rédactions

Les recommandations font partie d’un “Mémorandum au Président”.

Les signataires du memorandum sont: Afghan Development Association (ADA), Afghan Peace and Democracy Act (APDA), Afghan Women’s Skills Development Centre (AWSDC), Afghan Civil Society Forum (ACSF), Coordination of Humanitarian Assistance (CHA), Cooperation Centre for Afghanistan (CCA), Cooperation for Peace and Unity (CPAU), Education Training Centre for Poor Women and Girls of Afghanistan (ETC), Helping Afghan Farmers Organization (HAFO), Human Rights Advocacy and Research Consortium (HRRAC), Oxfam International, Organisation for Human Welfare (OHW), Sanayee Development Organisation (SDO), Saba Media Organisation (SMO) and Skills, Trainings and Rehabilitation Society (STARS).

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