Durban laisse le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4 degrés

Publié: 11th décembre 2011

En acceptant le strict minimum possible comme accord, les négociateurs du sommet sur le climat de l'ONU ont évité de justesse un effondrement. L’accord rend le Fonds vert pour le climat opérationnel sans aucune source de financement, trace un étroit chemin parsemé d’embûches pour éviter un réchauffement de 4 degrés et obtient une deuxième période d'engagement du Protocole de Kyoto mais sans la participation de certains membres clés.

Pour Céline Charveriat, directrice des campagnes et plaidoyer d’Oxfam :
« Les négociateurs ont envoyé un message clair aux personnes souffrant de la faim dans le monde : ‘qu’elles mangent du carbone’. Les gouvernements ne doivent pas s’endormir sur leurs maigres lauriers mais s’atteler immédiatement à plus d'ambitions dans la réduction de leurs émissions et à financer le Fonds vert pour le climat. A moins que les pays n’avancent sur la réduction de leurs émissions de toute urgence, nous pourrions en avoir pour encore une décennie perdue dans la course pour rester en dessous des 2 degrés ».

Une page importante a été tournée dans les débats sur la forme juridique d'un futur accord ; l'Union européenne, les Etats-Unis, le Brésil, l’Afrique du Sud, l'Inde et la Chine s’accordant sur une position commune. Mais après des semaines d'obstruction de la part des États-Unis, les négociateurs ont été incapables d'identifier ne serait-ce qu’une source concrète et fiable de financement pour combler le Fonds vert pour le climat ou d’assurer l’augmentation des objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Le Brésil, l’Afrique du Sud, l'Inde et la Chine auraient pu être plus audacieux en se joignant à une ambitieuse coalition avec l'UE et les pays vulnérables pour faire pression en faveur de réductions d'émissions plus importantes et plus rapides. Lors des prochaines négociations, les négociateurs pourraient avancer sans les Etats-Unis pour pourvoir travailler sur le type d’accord qui fait aujourd’hui cruellement défaut.

« On peut résumer Durban à une énorme déception », ajoute Céline Charveriat. « Mais la faute de ce retard pèse directement sur les épaules des États-Unis et d'autres pays comme le Canada, le Japon et l'Australie qui ont traîné les pieds du début à la fin ».

L'Union européenne a franchi une étape importante en signant pour une deuxième période du protocole de Kyoto, le fondement des efforts internationaux pour lutter contre le changement climatique, et une des principales revendications des pays africains. Mais la nouvelle phase de Kyoto est bien en dessous de ce qui était attendu et affaiblie par les lacunes qu’elle contient.

L'échec à sceller un accord ambitieux aura de douloureuses conséquences pour les populations pauvres dans le monde. Une hausse de température de 4 degrés pourrait participer à la dévastation totale des agriculteurs les plus pauvres qui souffrent de la faim.

Si aucune mesure n'est prise, les agriculteurs de certaines régions d'Afrique pourraient faire face à une baisse des rendements des cultures de plus de 50% dès cette génération ou celle de leurs enfants. Les prix alimentaires mondiaux pourraient plus que doubler d'ici à 2030, et le changement climatique en serait responsable pour moitié. Devant ces conséquences, une assistance réelle concrète protégeant les personnes les plus vulnérables contre le changement climatique apparaît encore plus vitale.

« Le Fonds vert pour le climat ne doit pas être une coquille vide, souligne Céline Charveriat. Les gouvernements doivent sans délai identifier des sources importantes et prévisibles de financement pour le Fonds, comme une infime taxe sur les transactions financières et une taxe sur les émissions provenant du transport maritime international ».

« Ceux qui se soucient du sort des populations pauvres dans le monde et de leur propre avenir économique devrait être en colère devant l’incapacité des gouvernements à prendre des mesures adéquates ici à Durban. Mais la colère ne va pas résoudre la question du changement climatique. Rio représente une opportunité pour relever le niveau d'ambition et parvenir au type d’accord dont nous avons besoin. Ceux qui sont incapables de négocier ce genre de résultat devraient tout simplement rester chez eux ».

En savoir plus

Page spéciale consacrée au sommet de Durban sur les changements climatique

Toutes les vidéos d'Oxfam sur le sommet de Durban

Blog : l'accord de Durban sur le climat laisse les populations pauvres sur le carreau

La faute de ce retard pèse directement sur les épaules des États-Unis et d'autres pays comme le Canada, le Japon et l'Australie qui ont traîné les pieds du début à la fin
Céline Charveriat
Directrice des campagnes et plaidoyer d’Oxfam

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