Un virus mortel : 5 faits choquants sur les inégalités extrêmes dans le monde

A boy sits amid scenes of destruction in Macomia town after it was hit by tropical cyclone Kenneth.

Un garçon assis au milieu d'une zone détruite de la ville de Macomia après qu'elle ait été frappée par le cyclone tropical Kenneth, qui a touché terre dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, le 25 avril 2019. Photo : Tommy Trenchard/Oxfam

La pandémie nous a rappelé une dure réalité : les inégalités ne génèrent pas uniquement des souffrances immenses, elles contribuent à la mort d’une personne toutes les quatre secondes.

Au cours des deux dernières années, des personnes sont mortes après avoir contracté une maladie infectieuse parce qu’elles n’avaient pas reçu de vaccin à temps. Elles sont mortes d’autres pathologies parce qu’elles n’avaient pas les moyens de payer des soins privés. Elles sont mortes de faim parce qu’elles n’avaient plus les moyens d’acheter de quoi manger. Des femmes sont mortes en raison des violences basées sur le genre.

Et pendant cette hécatombe, les personnes les plus fortunées au monde se sont enrichies comme jamais et certaines des plus grandes entreprises ont réalisé des bénéfices sans précédent.

Les inégalités ne sont pas un enjeu abstrait. Elles ont des conséquences bien réelles et dévastatrices. Elles ont rendu la pandémie de coronavirus plus mortelle, plus longue et encore plus dommageable. Elles sont au cœur de nos systèmes économiques et fracturent nos sociétés.

Ce n’est pas une question de hasard, mais de choix. Des solutions sont à notre portée.

Des tendances alarmantes : comment la COVID-19 a fait exploser les inégalités

1. La plus grande augmentation de la fortune des milliardaires jamais enregistrée

Les quelque 2 755 milliardaires dans le monde ont vu leur fortune augmenter davantage lors de la pandémie de COVID-19 qu’au cours des quatorze dernières années combinées. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle de la fortune des milliardaires depuis que ce type de données est recensé, et cela concerne tous les continents. Cette augmentation est due à la montée en flèche des cours de la bourse, à la montée en puissance des monopoles et des privatisations, ainsi qu’à l’érosion des réglementations et des taux d’imposition sur les sociétés et à la réduction des droits et des salaires des travailleurs et des travailleuses. Depuis le début de la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures.

2. Le coût des inégalités se traduit en vies humaines

Les inégalités tuent. Elles contribueraient à la mort d’au moins 21 300 personnes par jour, soit une personne toutes les quatre secondes. Il s’agit là d’une estimation très prudente des décès imputables à la faim, à la privation de soins de santé et au dérèglement climatique dans les pays pauvres, ainsi qu’aux violences basées sur le genre affectant les femmes et découlant du patriarcat et des systèmes économiques sexistes. Des millions de personnes seraient encore en vie aujourd’hui si elles avaient été vaccinées. Pendant ce temps, les grandes sociétés pharmaceutiques s’accrochent à leur monopole sur ces technologies.

3. La pandémie de COVID-19 se nourrit des inégalités

Les inégalités touchent de manière disproportionnée la grande majorité des personnes vivant dans la pauvreté, les femmes et les filles, et les groupes racisés et marginalisés. Elles prolongent désormais le cours de la pandémie, qui a provoqué une très forte augmentation des taux de pauvreté dans le monde entier. Plus de 80 % des doses de vaccins produites ont été accaparées par les pays du G20, tandis que moins de 1 % d’entre elles ont atteint les pays à faible revenu. Cet apartheid vaccinal sème la mort et aggrave les inégalités dans le monde entier. Dans certains pays, les personnes les plus pauvres sont presque quatre fois plus susceptibles de mourir de la COVID-19 que les plus riches.

4. Les inégalités nous affectent toutes et tous

Les inégalités sont fatales pour l’avenir de notre monde. L’extrême concentration des richesses, du pouvoir et de l’influence d’une poignée de personnes au sommet a des effets pernicieux sur le reste d’entre nous. Lorsque les pays riches échouent à assumer leur responsabilité alors qu’ils sont à l’origine de 92 % des émissions excédentaires, c’est toute la planète qui souffre du réchauffement. Tout le monde est concerné lorsque les 1 % les plus riches du monde sont à l’origine de deux fois plus d’émissions de carbone que les 50 % les plus pauvres, ou lorsque quelques entreprises puissantes parviennent à monopoliser la production de vaccins et de traitements vitaux en pleine pandémie.

5. Les inégalités ne sont pas un hasard, mais un choix

Une explosion extrême de la fortune des milliardaires n’est pas le signe d’une économie saine, mais le résultat d’un système économique profondément néfaste et violent. Le fait que les dommages et les décès frappent beaucoup plus les personnes en situation de pauvreté, les femmes, les filles et les groupes racisés que les personnes riches et privilégiées n’a rien d’accidentel. Les inégalités extrêmes sont une forme de violence économique qui s’opère lorsque les politiques structurelles et systémiques sont biaisées en faveur des personnes les plus riches et les plus puissantes. Ces choix nous affectent toutes et tous, en particulier les personnes les plus pauvres, les femmes et les filles et les groupes racisés. Voici quatre exemples de violence économique à l'oeuvre :

Une vérité qu’on ne peut plus nier : les gouvernements peuvent agir

Les gouvernements ont une marge de manœuvre énorme pour changer radicalement de cap.  Et ils ont le choix. Ils peuvent opter pour une économie violente, raciste et sexiste, où la fortune des milliardaires explose, où des millions de personnes souffrent ou meurent et des milliards d’autres basculent dans la pauvreté à cause des inégalités, où nous brûlons la planète et compromettons notre avenir.

Ou bien choisir une économie égalitaire où personne ne vit dans la pauvreté ou avec une fortune inimaginable, où chaque individu est à l’abri du besoin, où l’épanouissement et l’espoir remplacent la survie, où les inégalités ne tuent plus. 

Ce choix est celui de notre génération. Et il doit être fait dès maintenant.