Réunion du CSA à Rome : les gouvernements doivent faire preuve de volonté politique pour s’attaquer à la faim dans le monde

Publié: 17th octobre 2011

L’organisation internationale Oxfam appelle les gouvernements réunis à Rome pour le comité de l'ONU sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA) à faire preuve de volonté politique et à agir afin de s’attaquer aux causes profondes de la faim.

Alors que plus de 13 millions de personnes luttent pour leur survie dans la Corne de l'Afrique, les prix alimentaires devraient rester élevés et volatiles, et près d'un milliard de personnes se couche chaque jour le ventre vide. Pour Oxfam, il est clair que les politiques actuelles et les réponses apportées sont insuffisantes pour résoudre le problème.

Le Comité sur la sécurité alimentaire (CSA), qui se réunit du 17 au 22 octobre, est le forum mondial où d’importantes décisions doivent être prises pour lutter contre la faim. Il constitue le seul lieu où tous les gouvernements, la société civile, les institutions internationales et le secteur privé peuvent formellement négocier et coordonner les mesures visant à éradiquer la faim et à assurer la sécurité alimentaire pour tous.

« Le CSA représente notre meilleur espoir en faveur d'une nouvelle ère de coopération garantissant au monde entier assez à manger, pour aujourd'hui et demain. Un système de règles multilatérales qui permettra aux gouvernements d'agir collectivement dans l'intérêt mondial, de résoudre les conflits, d'aligner les politiques et d’allouer efficacement les ressources », a déclaré Barbara Stocking, directrice générale d'Oxfam Grande-Bretagne.

« Nous savons qu'il est possible de réduire de manière spectaculaire la faim ; des pays comme le Brésil et le Vietnam ont montré comment faire. Il manque une volonté politique adéquate de la part de l’ensemble des gouvernements pour prendre des décisions audacieuses et s'attaquer aux causes profondes de la faim ».

Oxfam appelle le CSA à convenir d’actions urgentes et ambitieuses pour s'attaquer aux causes de la faim : réduire la volatilité des prix des denrées alimentaires en s’attaquant aux objectifs nuisibles d’agrocarburants, les subventions et les tarifs qui transforment les aliments en carburants ; la régulation des marchés de commodités pour freiner la spéculation excessive ; et l'augmentation des réserves alimentaires dans les pays pauvres afin qu'ils puissent faire face aux chocs et à des prix extrêmes.

Il est également nécessaire de réglementer les investissements et d’obtenir une meilleure gouvernance des terres pour mettre un terme à l'accaparement des terres ; s’engager à accroître l'égalité des sexes dans l'agriculture, ainsi qu’augmenter massivement les investissements publics dans la petite agriculture durable, à commencer par les 22 milliards de dollars promis lors du G8 à L'Aquila en 2009 pour aider les pays à se nourrir.

« Les prix élevés et volatiles des denrées alimentaires que nous connaissons aujourd'hui reflètent l'incapacité, après la crise des prix alimentaires 2007-2008, de s'attaquer aux causes profondes d'instabilité et de la faim. Les promesses non tenues de financements supplémentaires et des approches ‘sparadrap’ ne vont pas résoudre la crise alimentaire mondiale ni l'urgence actuelle dans la Corne de l'Afrique et encore moins éviter une catastrophe à venir », ajoute Barbara Stocking.

Le CSA doit adopter le premier instrument international sur la gouvernance foncière, une importante première étape pour stopper le problème croissant de l'accaparement des terres. Les négociations sur les lignes directrices ont eu lieu la semaine dernière et un accord est proche, mais Oxfam s'inquiète que les négociations n'aient pas été finalisées à temps pour leur adoption prévue ce lundi.

« L’engagement des gouvernements et des organisations de la société civile pour parvenir à un accord sur la propriété foncière est très impressionnant. Les directives donnent clairement du pouvoir aux peuples autochtones et aux communautés locales. Nous saluons également la reconnaissance des droits fonciers des femmes, la tenure coutumière et du droit commun de propriété. Une fois ces lignes directrices adoptées, le CSA doit définir un projet clair pour leur mise en œuvre et veiller à ce qu'elles apportent de réels changements dans la vie des communautés pauvres », souligne Duncan Pruett, conseiller politique d'Oxfam sur les questions foncières.

Depuis 2006, les prix alimentaires internationaux ont enregistré deux fortes hausses. Après la crise alimentaire de 2007-2008, les prix ont chuté au second semestre 2009, avant de repartir à la hausse à partir de la mi-2010 pour atteindre des sommets en février 2011. Les prix sont censés rester élevés et volatiles dans les prochains mois si aucune des réponses ambitieuses et coordonnées ne sont développées.

Selon les estimations de la Banque mondiale, 44 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté au second semestre 2010, sur fond de prix alimentaires élevés. Une étude réalisée en vue de la campagne CULTIVONS d’Oxfam indique, par ailleurs, que les prix d’aliments de base, tels que le maïs, pourraient plus que doubler au cours des vingt prochaines années. Les ménages pauvres, qui consacrent jusqu’aux trois quarts de leurs revenus à la nourriture, sont les plus durement touchés par ces hausses écrasantes des prix.

Dans certains pays pauvres, les femmes produisent jusqu’à 80 % des denrées alimentaires. Pourtant, elles ont moins de chances de posséder leurs propres terres, travaillent souvent des terres moins productives et reçoivent peu d’aides financières ou agricoles.

Tout en se réjouissant de l’attention que porte le CSA à l’égalité hommes-femmes, Oxfam préconise d’intégrer cette dimension de genre dans chacune des questions examinées au sein du CSA afin d’éviter la marginalisation et un traitement isolé des droits des femmes, de leurs priorités et de leurs besoins particuliers.

« Investir en faveur des agricultrices est crucial pour augmenter la production et nourrir l'humanité. Les femmes doivent avoir un accès et contrôle à la terre pareil à celui des hommes. Assurer l'égalité des sexes, la promotion des droits des femmes et mettre les besoins des femmes au centre des politiques est nécessaire si nous voulons atteindre le droit à la nourriture pour tous », conclut Barbara Stocking.

Nous savons qu'il est possible de réduire de manière spectaculaire la faim ; des pays comme le Brésil et le Vietnam ont montré comment faire.
Barbara Stocking
Directrice générale d'Oxfam Grande-Bretagne

Notes aux rédactions

La campagne CULTIVONS d'Oxfam appelle à un mouvement mondial pour remettre sur la bonne voie le système alimentaire, aujourd'hui défaillant et qui laisse chaque jour 925 millions de personnes avec la faim au ventre. La situation risque encore d'empirer, avec la raréfaction des ressources naturelles, dont la terre, l'accélération des changements climatiques et l"augmentation de la volatilité des prix alimentaires. Découvrez comment il est possible d'éviter cela sur www.oxfam.org/cultivons

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