Six mois après Haiyan, des milliers de familles restent sans ressources

Publié: 9th mai 2014

Oxfam et ses partenaires locaux appellent le gouvernement à agir au plus vite pour rétablir d’urgence les sources de revenus des familles qui vivaient de la pêche et de la culture du cocotier aux Philippines

Il y a six mois, le typhon Haiyan (appelé Yolanda aux Philippines) s’abattait sur le pays et faisait 14 millions de sinistrés. Aujourd’hui, des milliers de familles qui vivaient de la pêche et de la culture du cocotier restent sans source de revenus.

Oxfam exhorte le gouvernement à accélérer le déblaiement des cocotiers abattus, la restauration des récifs coralliens et fonds marins endommagés, ainsi que les investissements dans l’aquaculture artisanale. L’organisation internationale de développement réclame en outre la construction de centres d’évacuation sûrs et la mise au point de plans de contingence en vue de la saison des typhons. À peine un mois avant que celle-ci ne commence, 40 % des ménages sinistrés vivent toujours dans des abris de fortune et, dans le Samar oriental, seulement 8 % des centres d’évacuation sont opérationnels.

600 représentant-e-s de groupes paysans et de pêcheurs de Leyte, soutenus par NFR (une coalition d’ONG militant pour la réforme de la pêche), la FTA (l’Alliance pour le commerce équitable) et Oxfam, se sont félicités de l’objectif fixé par l’État de dégager 390 000 arbres en 90 jours. Cela ne représente toutefois que 3 % des 13 millions d’arbres irrémédiablement endommagés qui doivent être déblayés dans la seule région des Visayas orientales.

Agricultrices et agriculteurs en crise

« Les agricultrices et agriculteurs sont en crise, avertit Maria Mendoza, directrice générale de la FTA. Les distributions alimentaires ont cessé et les aides monétaires ralentissent. Pourtant, la culture de cocotiers ne permet actuellement pas de gagner sa vie et de subvenir aux besoins de sa famille. Beaucoup se trouvent à présent confrontés au risque de pullulement du scarabée rhinocéros qui leur ôterait toute possibilité de revenus en décimant les cocotiers restés debout et en infestant les terres agricoles. Plus nous tarderons à dégager les cocoteraies, plus il faudra de temps pour planter des cultures à croissance rapide et assurer un prompt accès à l’alimentation et à une source de revenus. »

Les hommes et les femmes exerçant la pêche ont fait réparer leurs bateaux et ont repris leur activité. Mais ils ne reviennent plus qu’avec deux kilos de poissons après bientôt une demi-journée en mer, contre cinq kilos en deux heures avant le passage du typhon Haiyan. Le golfe de Leyte était déjà surexploité, mais le typhon a détruit des écosystèmes marins, tels que les prairies sous-marines et les récifs coralliens, contribuant ainsi à la dégradation des stocks de poissons.

Stocks de poissons en berne

« Nous exhortons le gouvernement à procéder sans délai à des évaluations complètes des ressources côtières et marines afin d’établir l’étendue des dommages et de déterminer les mesures de restauration qu’il convient d’entreprendre », explique Al Bernarte, coordinateur programme de NFR.

Les communautés de pêcheurs qui vivent sur la côte s’inquiètent en outre du projet du gouvernement de les réinstaller à l’intérieur des terres.
Casimero Villas, président de la Sacofa, l’association de pêche de San Joaquin-Cogon, à Palo, sur l’île de Leyte, témoigne : « Les services des affaires sociales nous disent que nous devons abandonner nos habitations en bord de mer, parce que nous nous trouvons dans une zone de danger. Mais ils ne nous donnent pas les critères définissant ce qu’est une zone de danger. Le gouvernement ne semble malheureusement pas comprendre pourquoi nous ne pouvons pas déménager trop loin de la mer. L’explication est pourtant simple : c’est notre source de revenus. »

L’action d’Oxfam sur place

Oxfam a porté assistance à plus de 730 000 personnes sous diverses formes : approvisionnement en eau potable, services sanitaires, programmes de subventions et de rémunération du travail en espèces, distributions d’articles de toilette, de semences de riz, de moustiquaires et de kits pour l’enfant et la mère, chantiers de construction et réparation des bateaux de pêche, et aide à la construction d’abris d’urgence, notamment.

« En réalité, nombre de personnes en situation de pauvreté risquent de se retrouver confrontées à une reconstruction en pire, et non en mieux, déplore Leo Roozendaal, sous-directeur pour la région Asie chez Oxfam. L’intervention d’urgence a permis d’apporter une aide humanitaire rapidement, mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Le gouvernement examine les difficiles questions qu’il importe de résoudre, telles que la réinstallation des populations côtières à risque et la nécessité de trouver d’autres sources de revenus en attendant la relance des secteurs de la pêche et de la culture du cocotier. Mais il n’agit pas assez.

« Les hommes et les femmes qui vivaient de la pêche et du cocotier ont besoin d’un soutien immédiat dans cette nouvelle phase du relèvement. Une prise en main énergique est nécessaire à tous les niveaux pour accélérer les programmes de relèvement et aider les populations les plus pauvres à se rétablir. »

Les hommes et les femmes qui vivaient de la pêche et du cocotier ont besoin d’un soutien immédiat dans cette nouvelle phase du relèvement.
Leo Roozendaal
Sous-directeur pour la région Asie chez Oxfam

Notes aux rédactions

Photos, blogs et témoignages sont disponibles (textes en anglais) : http://wordsandpictures.oxfam.org.uk/?c=16038&k=36f8db4cf3

Contact

Pour de plus amples renseignements, merci de contacter Claire Seaward, Responsable de campagne humanitaire pour Oxfam : +63 906 297 8659