Niger : contre les sécheresses à venir, un programme "argent-contre-travail"

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« Avant, j'arrivais à récolter cent ballots de millet sur mon champ. Cette année, je n'ai pu en collecter que trois ! » Comme la majorité des agriculteurs nigériens, les faibles pluies touchent fortement Son Allah Maitchangal.

Photo of Son Allah Maitchangal
Son Allah doit faire face aux inondations et à la sécheresse.

« Après la sécheresse sont arrivées les inondations. En pleine saison, quand la pluie s'est mise à tomber en grande quantité, l'eau n'a pas pu être absorbée par la terre aride du plateau, et le village a été inondé. Plusieurs huttes en argile ont été emportées et même la mosquée, pourtant construite en béton, a presque été détruite. »

En principe, Son Allah est en mesure de nourrir sa famille grâce à sa récolte de millet et l'argent qu'il gagne en vendant des kebabs. Cette année, sans récolte, il devra survivre uniquement grâce à l'argent de la vente de kebabs – ce qui ne sera en aucun cas suffisant. Il n'y a pas de nourriture. Les réserves sont vides et plus de 6 millions de personnes au Niger font maintenant face à une crise alimentaire majeure.

Une solution en deux temps

Photo: Women carrying spades
Ce programme fournit un revenu aux travailleuses-eurs, tout en protégeant l'environnement.

Le travail mis en place par Oxfam, dont l'objectif est de récupérer 200 hectares de terres dégradées par les crues, propose une solution en deux temps : il fournit un revenu à 83 ménages vulnérables et protège l'environnement.

Les personnes impliquées dans ce programme « argent-contre-travail » construisent des canaux d'irrigation en forme de demi-lunes afin de pouvoir emprisonner les eaux de pluie et les forcer à pénétrer la terre plutôt que de s'écouler en surface. Ce système permettra d'alimenter la nappe phréatique et de faciliter la régénération de la végétation et des terres agricoles.

La période de soudure ne fait que commencer

Photo: Digging half moon shaped irrigation channels
Son Allah et Mme Tani Bangali creusent les structures en demi-lunes afin de conserver les eaux de pluie lors des prochaines pluies et ainsi permettre à la végétation de pousser à nouveau.

Son Allah est expert dans ce travail car il effectue ce type d'activité depuis quinze ans dans les villages environnants. Il a donc pu en observer les avantages directement. Il travaille actuellement au projet d'Oxfam dans son propre village. « J'arrive à en construire trois par jour. »

Son Allah espère qu'à la fin des travaux, prévue pour avril, il verra les résultats de ce travail intense. Il pourra bénéficier d'un revenu lui permettant de survivre pendant la période de soudure – qui ne fait que commencer. « Avec un peu d'aide nous pouvons planter des arbres et semer de l'herbe avant l'arrivée de la pluie. Si nous avons une bonne saison des pluies, j'espère que nous aurons des pâturages pour le bétail et peut-être même que, dans quelques années, le plateau sera à nouveau couvert de végétation. »

Photos : Fatoumata Diabate

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